Rock forever : 1987 : Guns N’Roses : « Appetite for Destruction », la fascination d’une génération

Leur ambition ? Devenir le plus grand groupe de rock de Hollywood. Mais les débuts des Guns sont à associer à un autre destin, celui de Vicky Hamilton. Originaire de l’Indiana, la demoiselle débarque à Los Angeles à l’âge de 21 ans. Elle travaille chez un disquaire, en face du Whisky a Go Go, sur Sunset Boulevard. Lieu idéal pour approcher les groupes et artistes à découvrir. Elle s’occupe très vite des affaires de Mötley Crüe, avant de voir arriver Axl et Izzy pour les Guns. Une démo de cinq chansons, le tout présenté dans un magnétophone volé. Vicky Hamilton succombe et devient l’agent des Guns. Elle les héberge quelque temps chez elle… Le temps que son modeste appartement soit ravagé par un cyclone composé d’alcool, de drogues et de filles. « Welcome to the Jungle » est d’ailleurs utilisée pour le répondeur téléphonique de Vicky.
Un album explosif
Ce premier album se caractérise par son explosivité, son énergie et sa diversité. Détail appréciable, plusieurs morceaux s’inspirent de faits réels. « Welcome to the Jungle » ouvre l’album et a été écrite par les cinq membres du groupe. Ce morceau cultissime raconte la plongée cauchemardesque du jeune William Axl Rose dans les rues de L.A. et sa rencontre avec un vieil homme SDF noir. Ce dernier essaie de l’effrayer par ces mots : « You know where you are ? You are in the jungle. You gonna die. »
« Nightrain » a également une histoire. C’est un clin d’oeil aux nuits d’ivresse, dans les débuts du groupe qui squatte des piaules miteuses. Chez le spiritueux du coin, les Guns pouvaient au moins se payer du Night Train Express, un vin californien décapant qui vous assurait une cuite à bas prix. Quelques synthétiseurs viennent offrir la particularité de « Paradise City ».
Quant au solo final, il emporte tout sur son passage. « Mr Brownstone » ne laisse planer aucun doute quant à sa signification : « brownstone » est le terme d’argot qui désigne l’héroïne. Encore du vécu, puisque cette chanson est faite pour les Guns, particulièrement addicts… En 1989, en ouverture d’un concert des Rolling Stones, Axl déclare qu’il pourrait bien être le dernier si certains membres du groupe ne décrochent pas de leur dépendance à l’héroïne dans les plus brefs délais. Quant à « It’s So Easy », le morceau à lui seul résume les incroyables capacités vocales d’Axl Rose, pouvant passer des plus puissants aigus aux descentes les plus graves.
Décidément, des 12 pistes de ce premier album, aucune ne se ressemble. L’intérêt est maintenu de bout en bout. Sans doute la complémentarité des cinq Guns y est-elle pour beaucoup.
« Sweet Child O’Mine »
Slash, avec son haut-de-forme et sa Les Paul, nous gratifie de solos parfois imprévisibles. Côté rythmique, Izzy semble dopé au blues. La basse claque et rebondit en cadence, en accord avec une batterie survitaminée. Chaque titre déborde d’une énergie qui semble inépuisable et possède son refrain accrocheur. « Paradise City » est digne d’un véritable hymne de stade, il se conclut par un jam débridé.
Le groupe se permet aussi des hommages appuyés aux « filles d’un soir », les « My Michelle » et autres « Rocket Queen » ; odes à la luxure et à la débauche. D’ailleurs, sur ce dernier morceau, la légende raconte que les bruits d’ébats sexuels ne sont pas simulés. Il s’agirait d’un « enregistrement sauvage » d’Axl, en train de s’envoyer en l’air avec une roadie (une technicienne du groupe), une certaine Adriana Smith. « Rocket Queen » avec son riff tueur se paie le luxe de changer de refrain en plein milieu du morceau.
Terminons par le chef-d’œuvre « Sweet Child O’Mine ». Avant de devenir un classique, l’album a mis plus d’un an à se hisser en tête des ventes. C’est avec la sortie en single de ce dernier morceau que le disque a réellement pris son envol (30 millions de ventes !). Ce morceau possède peut-être la plus géniale intro à la guitare jamais composée. Un phrasé mélodique et accrocheur ainsi que des solos que tout guitariste en herbe a tenté de s’approprier.
La chaîne MTV s’est refusée à diffuser le clip de « Welcome to the Jungle », en raison des images jugées trop violentes ; tout comme la pochette. (A l’origine, on y voit un monstre en train de s’abattre sur un robot qui vient de violer une jeune femme, allongée sur le trottoir…) Le groupe retire la pochette et MTV décide, au bout d’un an, de diffuser le fameux clip, vers 3h du matin. Les lignes téléphoniques de MTV ont immédiatement explosé. Le mythe Guns N’Roses venait de naître.
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